Ruses Russes (suite)

A travers trois contes inspirés de la tradition orale russe, le public a ainsi pu découvrir successivement les histoires de cette jeune fille pauvre si intelligente et rusée qu’elle parvient à déjouer tous les pièges tendus par le tsar en personne, jusqu’à ce qu’il finisse par l’épouser ; de ces trois compagnons confrontés à l’appétit d’une renarde malicieuse ; de ces deux frères, Ivan et Boris, qui parviennent à conserver le trésor trouvé sur les terres du seigneur. Le tout accompagné par les douces mélodies de la balalaïka de Serge Vlassenko, dont une très jolie berceuse en guise de final.

Comme l’explique Claire Péricard dans la présentation de ce spectacle sur son site :   Conter en musique me permet d’explorer ma parole conteuse et la musicalité d’une histoire et des mots qui la composent. En duo avec Serge, on peaufine, on bouscule, on recrée le conte que l’on va faire vivre. La musique donne des rythmes différents, provoque des ruptures, vient amplifier, envelopper, contrecarrer le sens d’un mot et permet de faire plus de place au silence. La balalaïka est un instrument très proche de la voix humaine.  Et, de son côté, Serge Vlassenko présente sa conception du rapport entre parole et musique en ces termesJ’utilise mon instrument en complète harmonie avec la parole conteuse, en rythme avec la musicalité de l’histoire et des personnages. Tantôt plus ténue, tantôt plus forte, la musique a sa propre voix, faisant surgir sensations et émotions. 

 

La narration est menée tambour battant et de main de maître par Claire Péricard qui fait la part belle à l’interactivité avec le public et à la complémentarité entre les mots et la musique. Avec aussi une bonne dose d’humour, comme cette allusion en début de spectacle aux « autres fêtes de villages » qui ont lieu en même temps que la sienne, clin d’œil amusé aux rangs dégarnis de son auditoire. Une belle complicité unit par ailleurs la conteuse et son musicien, ce qui contribue à donner encore plus de force au spectacle. Et la phrase finale de la représentation, pleine de bon sens, prononcée par un personnage de grand-mère, « Demain sera un nouveau jour », résonne encore dans mes oreilles, bien longtemps après la fin du spectacle. En espérant que les salles à venir seront bien plus pleines que celle du Mandapa en ce dimanche d’avril.

Le Monde blog de L 'Arbre aux contes de Cristina Marino    retour aux extraits de presse