Il suffit d’un soir… et d’un lendemain constituait une sorte de retour aux sources, à savoir l’essence même du conte : des histoires traditionnelles narrées par un artiste (artisan ?) de la parole qui n’a recours qu’à sa voix pour transporter le public dans son univers. Et ce fut un moment bien agréable de se laisser ainsi embarquer pendant une petite heure dans un voyage à travers différents continents au gré de son récit.
Comme elle l’a souligné elle-même au début de son spectacle, la conteuse fait avant tout appel à l’imaginaire du public pour créer, à partir de ses paroles, sa propre vision de l’histoire racontée et de l’univers dans lequel elle se déroule. Ce qui nécessite pour fonctionner correctement une certaine capacité à faire abstraction de la réalité environnante pour se projeter dans un autre monde. Or, en ce mardi soir, les spectateurs ont dû particulièrement puiser dans leurs ressources d’imagination pour s’échapper de l’ambiance très bruyante du lieu de représentation (la cave voûtée des Trois Arts), entre musique poussée à fond, bruits de verres et de vaisselle en tous genres, chasse d’eau, moteurs de voitures passant dans la rue et autres pollutions sonores diverses et variées.
Mais une fois que l’on est parvenu à s’échapper de cette réalité sonore et trébuchante, le voyage dans la (les) contrée(s) imaginaire(s) de Claire a pu pleinement commencer. Et personnellement, je n’ai pas du tout été déçue par ce périple qui est passé par trois pays différents, la Grèce, l’Algérie et la Chine. Avec à chaque fois une histoire mêlant récit de vie et conte traditionnel. On a ainsi successivement suivi les péripéties de trois personnages distincts.
Ces trois petits contes initiatiques, narrés par Claire Péricard en toute simplicité et avec beaucoup d’humour et de bonne humeur, ont su trouver aussi quelques échos dans l’actualité récente. Ils ont également permis à la conteuse de prendre du recul par rapport à son récit et de s’amuser de-ci de-là des images toutes faites et des clichés que véhiculent parfois les histoires traditionnelles sur les pays et leurs habitants, sur le monde tel qu’il est ou qu’il pourrait être. Les contes empruntent ainsi parfois certains passages obligés et certaines formules passe-partout qu’il est bon de remettre en perspective. Ce à quoi Claire Péricard s’est employée de manière efficace durant cette soirée mine de rien, sans en avoir l’air…
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