Points de vues :

 A-S K juriste  et fondatrice - Association Droit pluriel

 Ce spectacle m’a bouleversée. Il nous offre un moment tout à la fois intime et pudique. C’est un tour de force incroyable. Merci infiniment de la générosité de ce personnage. J’ai tout aimé : impossible de  dire que ceci m’a davantage plu que cela. Donc merci pour votre  joie de vie, elle a illuminé notre soirée. Ma fille me reproche souvent de l’emmener voir un peu tout et n’importe quoi et là, elle a aimé aussi. C’est plus rare que 6 T dans Télérama !  

C.M. conteur

En général je n’aime pas trop les « récits de vie » parce qu’ils sont parfois trop centrés sur un« moi » qui a besoin de se raconter pour être plus aimé que d’habitude par les autres (ou  par soi-même), et la parole s’y focalise jusqu’à se faire porteuse de quelque chose qui se présente trop comme exemplaire, voire héroïque, où l’intime finit par frôler (parfois) l’exhibition. Je suis venu voir ce spectacle en craignant un peu ça. J’ai été très surpris de ce que l 'artiste a proposé et je suis reparti ravi :

Claire évite le problème du « récit de vie » trop narcissique  par une structure habile qui lui permet de faire porter « le chapeau » au personnage d’Irène pour certaines parties de l’histoire, l’utilisation de certains mots ou certains thèmes qui pourraient précisément faire tout basculer dansl'exhibition , ou qui pourraient bousculer trop directement le public dans ses convictions.

Claire dis JE et Claire dis ELLE. Cela repose l’auditeur du risque de trop de proximité, le personnage « éponge » nos émotions ou nos réactions en les incarnant pour nous. On sait bien que c’est Claire à travers Irène qui mets sur la table tout ce qui la représente et lui importe profondément.  C’est ce qui me paraît essentiel dans la structure de ce spectacle et son originalité ,sa solidité, son efficacité. 

Les thèmes, le contenu général, ce sont en fait les grandes questions universelles qu’avec Irène Claire pose en faisant mine de s 'en étonner. Elle inscrit les grandes préoccupations humaines dans un contexte exigu, celui d’une vie quotidienne grise ou même terne ( le voisin et sa radio, la caissière, le café dont elle boit trois gorgées (et je me disais qu’il devait être froid -horreur dans un quotidien gris), où nous nous retrouvons tout autant que dans les grandes questions qu'elle pose. Autrement dit, Claire balaie large, et on a à la fois les pieds dans la gadoue de notre époque et la tête pas tout à fait dans les étoiles mais presque, grâce aux philosophes comiquement convoqués pour des citations qui obligent Irène à se creuser le citron, ce qu’elle fait volontiers nous faisant réfléchir avec elle….

Et les grandes questions, la Vie, la Mort, la Liberté, la femme essentielle (nous sortons tous d’un ventre de femme), la sexualité évoquée avec des mots crus mais drôles, et par le relais de contes désopilants ou de la chanson de Pierre Perret : et puis, si l’homme Perret parle crûment de la chose et nous fait rire, pourquoi une femme n’en ferait pas autant -Irène et la conteuse semblent nous le dire. Claire nous montre avec réalisme l’accouchement auquel Irène a assisté, sans aucune gêne pour le public.

Et puis pour finir, c’est Claire peut-être, pas forcément Irène (quoique…) qui nous dis avoir beaucoup de chance, avec en creux l’énumération de tout ce à quoi par chance elle a échappé, de tout ce qui peut arriver aux femmes qui n’ont pas beaucoup de chance.. 

Ainsi se trouve entouré, pudiquement protégé, ce qui est dit de personnel et sans doute de réellement autobiographique.

MERCI !